sábado, 14 de maio de 2016

Que penser de Maria Valtorta ?


Pour répondre à cette question, nous [les Dominicains d'Avrillé] reproduisons ici, en le complétant quelque peu, un passage d’une recension du livre de l’abbé Gérard Herrbach, Des Visions sur l’Évangile, parue dans Le Sel de la terre nº 7. Pour plus de détails, nous renvoyons au livre de l’abbé Herrbach disponible sur le site de Clovis.

A propos de Maria Valtorta


Maria Valtorta est morte en 1961 « dans un isolement psychique incompréhensible » (aliénée). Son œuvre principale, La vie de Jésus, écrite de 1943 à 1947, couvre quelque 10 000 pages de cahiers. Son confesseur, le père Migliorini, prétend avoir été reçu en audience, en compagnie du père Berti, par le pape Pie XII en février 1948, et le pape leur aurait dit de publier l’œuvre telle quelle, en ajoutant : « Qui lira, comprendra. » Cette autorisation orale du pape paraît invraisemblable : le pape n’aurait pu raisonnablement donner une telle autorisation que s’il avait lu l’ouvrage et s’était assuré de son orthodoxie ; mais comment le pape aurait-il trouvé le temps de lire ces 10 000 pages ? Cette autorisation du pape paraît d’autant plus invraisemblable que le Saint-Office a interdit définitivement (sans correction possible) l’œuvre un an plus tard, en février 1949. Les quatre premiers volumes furent pourtant publiés, sans Imprimatur, de 1956 à 1959. Le 16 décembre 1959, les livres édités furent mis à l’index. L’Osservatore romano publia la mise à l’Index accompagnée d’un article justifiant la condamnation.
En voici quelques extraits :

Les quatre Évangiles nous présentent un Jésus humble et plein de réserve ; ses discours sont sobres, incisifs, mais d’une suprême efficacité. Au contraire, dans cette sorte d’histoire romancée, Jésus est loquace à l’excès et ressemble à un propagandiste, toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu, et à déclamer des leçons de théologie dans les mêmes termes dont se servirait aujourd’hui un professeur de théologie. Dans les récits de l’Évangile, nous admirons l’humilité et le silence de la Mère de Jésus ; au contraire, pour l’auteur (homme ou femme) de cet ouvrage, la très sainte Vierge a la faconde d’une avocate moderne, toujours présente partout, et toujours prête à fournir des leçons de théologie mariale, parfaitement au courant des dernières études des spécialistes actuels en cette matière. […] Quelques pages sont plutôt scabreuses et font penser à des descriptions et des scènes de romans modernes. Nous n’en donnerons que quelques exemples, ainsi la confession faite à Marie par une certaine Aglaé, femme de mauvaise vie (1er volume, p. 790 et suivantes [Ces références ne correspondent pas à l’édition actuelle en français, mais à celle publiée à cette époque en italien]) ; le récit peu édifiant des pages 887 et suivantes du 1er volume; un ballet exécuté certainement d’une façon impudique devant Pilate au Prétoire (volume 4, p. 75) etc. […] Pour finir, je signale une autre affirmation étrange et imprécise où l’on dit de la Madone : « Toi, tout le temps que tu resteras sur la terre, tu seras la deuxième après Pierre, comme hiérarchie ecclésiastique… » [C’est nous qui soulignons, signale L’Osservatore romano].

Voici quelques exemples des erreurs et inconvenances de ce livre :

Notre-Seigneur pense que la parole fatigue maintenant, et qu’il faut recourir aux visions… de Maria Valtorta ; l’arbre de vie au paradis terrestre n’est qu’un symbole ; le péché d’Adam et d’Ève a consisté dans l’usage du mariage dans un esprit de luxure ; sainte Anne enfanta sans douleur ; Notre-Dame se vante de son humilité et de son calme ; elle dit avoir racheté les femmes par sa maternité ; elle a vu Dieu lors de sa création ; Satan s’est incarné en Judas.

On peut aussi noter de nombreuses contradictions avec l’Évangile, par exemple Notre Seigneur aurait sucé avec avidité le fiel présenté par le soldat ; sur la croix, Notre-Seigneur ne cesse d’appeler « Maman ! » et elle de répondre : « Oui, mon trésor, je suis ici » ; Notre-Dame se fâche, crie et délire « presque » après la mort de son Fils ; sans parler de nombreuses sensualités qui parsèment l’ouvrage.
Voici maintenant un extrait du tome 3 (EMV 199, c. 60, p. 353) de l’édition française, qui rapporte une plaisanterie malsonnante, et même tout à fait choquante, que « Jésus » ferait à « saint Pierre » :

Jésus se lève et appelle à haute voix : « Simon de Jonas, viens ici. »
Pierre sursaute et monte en vitesse l’escalier : « Que veux-tu, Maître ? »
« Viens ici, usurpateur et corrupteur ! »
« Moi ? Pourquoi ? Qu’ai-je fait Seigneur ? »
« Tu as corrompu ma Mère. C’est pour cela que tu voulais être seul. Qu’est-ce que je dois te faire ? ».
Mais Jésus sourit et Pierre se rassure.
« Oh ! » dit-il « tu m’as réellement fait peur ! Mais maintenant tu ris…

Mgr Lefebvre, lors d’une retraite (en septembre 1986, 4e instruction), a exprimé sa réserve vis-à-vis de Maria Valtorta :

Nous avons avantage à (…) ne pas nous attarder trop aux faits divers de la vie de Notre Seigneur. C’est en cela peut-être que ces vies qui ont été faites de Notre Seigneur, (…) ces livres qui se présentent comme des révélations de la vie de Notre Seigneur, à mon sens, peuvent être un danger, parce que justement elles représentent Notre Seigneur d’une manière trop concrète, trop dans les détails de sa vie. Je pense bien sûr à Maria Valtorta. Et peut-être pour certains cette lecture peut faire du bien, elle peut approcher de Notre Seigneur, essayer de se figurer ce que pouvait être la vie des apôtres avec Notre Seigneur, la vie à Nazareth, la vie dans les visites que faisait Notre Seigneur dans les cités d’Israël. Mais il y a un danger, un grand danger : trop humaniser, trop concrétiser et pas suffisamment montrer le visage de Dieu, dans cette vie de Notre Seigneur. C’est là un danger. Je ne sais pas s’il faut tellement recommander à des personnes qui ne sont pas averties la lecture de livres comme cela. Je ne suis pas certain que cela les élève tellement et leur fasse connaître vraiment Notre Seigneur tel qu’il était, tel qu’il est, tel que nous devons le connaître, le croire.


Plutôt que de lire ce roman où les erreurs foisonnent, les fidèles feraient mieux de lire les Saintes Écritures avec de bons commentaires nourris des Pères de l’Église, par exemple La grande vie de Jésus-Christ par Ludolphe le Chartreux, La Chaîne d’Or de saint Thomas d’Aquin, les commentaires de l’Évangile de Bossuet, les commentaires des épîtres de saint Paul par Dom Delatte ou de la sainte Écriture par Dom Marmion, ou encore de bonnes vies de saints : nos ancêtres ont fait leurs délices de La légende dorée du bienheureux Jacques de Voragine. Les vies de saints – sauf dans le cas d’une mauvaise hagiographie – nous font rester dans le réel au lieu de partir dans l’imaginaire comme c’est le cas de ces « visions ». Les vies de saints ont de quoi nourrir l’imagination, le cœur et l’intelligence de tous les chrétiens, même les plus simples ; on trouve même aujourd’hui de bonnes vies de saints illustrées. C’est là qu’on peut trouver une vraie antidote à la télévision.